19
Promesses de gloire

 

— As-tu trouvé la piste ? chuchota Drizzt, marchant à côté de la grande panthère. (Il donna à Guenhwyvar une tape amicale sur le flanc ; les muscles du fauve étaient détendus et Drizzt sut qu’il n’y avait pas de danger.) Ils sont partis, alors, remarqua-t-il, le regard perdu dans le vide du couloir devant eux. Mon frère les a traités de gnomes vicieux quand nous avons vu leurs traces près de l’étang. Vicieux et stupides ! (Il rengaina son cimeterre et s’agenouilla près de la panthère, le bras confortablement appuyé sur le dos de l’animal.) Ils ont pourtant été assez intelligents pour éviter notre patrouille…

Le gros chat regarda Drizzt comme s’il l’avait compris jusqu’au dernier mot, et l’humain frotta rudement la tête de Guenhwyvar, sa meilleure amie. Il se rappelait clairement sa jubilation quand, une dizaine auparavant, Dinin avait annoncé, à la grande indignation de Masoj, que Guenhwyvar avancerait désormais en tête de patrouille avec Drizzt.

— Le fauve m’appartient ! avait rappelé Masoj à Dinin.

— Et toi, tu m’appartiens ! avait répondu Dinin, le chef de patrouille, ce qui avait mis fin à la discussion.

Chaque fois que les cycles magiques de la figurine le permettaient, Masoj invoquait Guenhwyvar dans son plan astral et lui ordonnait de partir en éclaireur, ce qui offrait un surcroît de sécurité à Drizzt en plus d’une compagnie très appréciée.

D’après les courants thermiques inhabituels qui marquaient les parois, Drizzt sut qu’ils avaient atteint la limite extrême de leur périmètre de patrouille. Il avait volontairement mis beaucoup de distance (plus que de raison) entre les autres et eux. Il ne doutait pas que Guenhwyvar et lui soient capables de se débrouiller seuls et, avec le reste de la patrouille suffisamment loin, il pouvait se détendre et apprécier sa solitude. Les rares moments que Drizzt passait éloigné des drows lui permettaient de faire le point sur ses sentiments embrouillés. Guenhwyvar, qui lui semblait le considérer d’un œil bienveillant, sans le juger, offrait à Drizzt le public idéal pour ses réflexions à voix haute.

— Je commence à me demander à quoi bon, tout ça, chuchota-t-il au fauve. Je ne doute pas de l’intérêt de ces patrouilles : rien que cette dernière dizaine, nous avons vaincu une douzaine de monstres qui auraient pu faire des ravages dans la cité ! Mais, finalement, dans quel but ? (Drizzt plongea son regard dans les grands yeux tout ronds du fauve et y lut de la compassion ; il savait que Guenhwyvar comprenait instinctivement son dilemme.)

« Peut-être ne sais-je toujours pas qui je suis, dit-il d’un ton pensif, ou ce qu’est mon peuple. Chaque fois que j’entrevois une réponse, elle me mène sur une voie que je n’ose pas prendre, vers des conclusions que je refuse !

— Tu es un drow ! s’exclama une voix derrière lui.

Drizzt se retourna d’un bloc et vit Dinin à deux ou trois mètres de lui, l’air très inquiet.

— Les gnomes se sont enfuis hors de portée, annonça Drizzt dans un effort pour changer de sujet.

— N’as-tu toujours pas compris ce que signifie être un drow ? reprit Dinin. N’as-tu pas appris le sens de notre histoire, les promesses de notre avenir ?

— Je sais de notre histoire ce qu’on apprend à l’Académie. C’étaient nos toutes premières leçons. Mais notre avenir, je n’y comprends rien, et moins encore notre place dans l’ordre des choses !

— Tu connais pourtant nos ennemis, lui souffla Dinin.

— Des ennemis innombrables, récita Drizzt en soupirant. Ils grouillent dans les creux d’Outreterre, constamment à l’affût d’une négligence de notre part. Mais ils seront déçus, et tomberont finalement en notre pouvoir !

— Ah, mais nos plus grands ennemis ne se trouvent pas dans les sombres cavernes de notre monde, rectifia Dinin avec un sourire mauvais. Ils vivent dans un univers étrange et pervers !

Drizzt savait à qui Dinin faisait allusion, mais il soupçonnait que son frère lui cachait quelque chose.

— Le peuple des fées ! chuchota-t-il, et ce simple mot provoqua en lui un tourbillon d’émotions.

Toute sa vie il avait entendu parler de ces cousins pervers, de la manière dont ils avaient forcé les drows à fuir dans les entrailles de la terre. Drizzt, très pris par les corvées quotidiennes, n’avait pas souvent l’occasion de penser à eux, mais chaque fois que le nom de ce peuple lui traversait l’esprit, il s’en servait comme d’une litanie contre tout ce qu’il détestait dans son existence. Si, comme le faisaient visiblement tous les autres elfes noirs, il parvenait d’une manière ou d’une autre à rendre les elfes de la surface responsables des injustices criantes de la société drow, Drizzt avait le sentiment qu’il pourrait éprouver de l’espoir pour l’avenir de son peuple. Rationnellement, il se sentait plus ou moins obligé de rejeter cette légende stimulante sur la guerre entre elfes comme un autre mensonge dans le flot incessant de mensonges dont on l’abreuvait, mais, au plus profond de son cœur, Drizzt s’accrochait de toutes ses forces à cette histoire.

Il reporta son attention sur Dinin.

— Le peuple des fées, répéta-t-il. Dont je ne sais rien…

Dinin gloussa devant le scepticisme obstiné de son frère ; il était devenu si habituel !

— Ils sont bien tels qu’on t’a dit, affirma-t-il. Ils ne valent rien ; des pervers au-delà de tout ce que tu peux imaginer ! Ils ont torturé notre peuple, nous ont bannis voici des éons. Nous ont forcés…

— Je connais ces histoires ! l’interrompit Drizzt, inquiet parce que son frère élevait de plus en plus la voix. (Il jeta un coup d’œil par-dessus son épaule.)

« Si la patrouille a pris fin, rejoignons les autres, plus près de la cité. Cet endroit est trop dangereux pour ce genre de discussion !

Il se redressa et repartit en sens inverse, Guenhwyvar à ses côtés.

— Pas aussi dangereux que là où je te mènerai bientôt…, répliqua Dinin avec ce même sourire mauvais.

Drizzt s’arrêta et le regarda, intrigué.

— Je peux bien te le révéler, je crois, poursuivit Dinin, l’air ravi. On nous a choisis parce que nous formons le meilleur groupe de patrouille, et tu n’es pas pour rien dans cet honneur qui nous est fait.

— Choisis ? Pour quoi faire ?

— D’ici une quinzaine de jours, nous quitterons Menzoberranzan. Notre chemin nous emmènera bien loin de la cité, et pour longtemps !

— Combien de temps ? demanda Drizzt, soudain très curieux.

— Deux dizaines, peut-être trois. Cela en vaut la peine ! Mon jeune frère, nous allons être les acteurs d’une revanche contre nos ennemis les plus détestables, nous allons frapper un grand coup pour la gloire de la Reine Araignée ! (Drizzt pensait avoir compris, mais l’idée lui semblait trop choquante pour qu’il soit sûr.)

« Oui, les elfes de la surface ! s’exclama Dinin, rayonnant. On nous a choisis pour effectuer un raid là-haut !

Drizzt ne ressentait pas l’excitation évidente de son frère, car les implications de la mission ne lui apparaissaient pas clairement. Au moins pourrait-il voir les elfes de la surface, affronter la vérité au fond de son cœur, de ses espoirs. Mais toutes les déceptions qu’il avait connues ces dernières années tempéraient son allégresse et lui rappelaient que, si la véritable nature des elfes apporterait peut-être une justification au monde de noirceur où vivait le peuple de Drizzt, il était également possible qu’elle lui arrache ce à quoi il tenait le plus. Il ne savait trop quoi penser.

 

**

 

— Ah, la surface ! dit Alton d’un ton rêveur. Ma sœur y est allée une fois, pour un raid. Elle a dit qu’il s’agissait d’une expérience merveilleuse ! (Il regarda Masoj, surpris de l’expression sinistre sur le visage du jeune Hun’ett.) Et c’est ta patrouille qui va faire le voyage. Vraiment je t’envie !

— Je n’y vais pas, déclara Masoj.

— Mais pourquoi ? s’écria Alton, abasourdi. Tu ne retrouveras pas de sitôt une telle occasion ! Cela fait bien vingt ans que Menzoberranzan n’a pas lancé de raid en surface – d’ailleurs je suis certain que cette situation irrite la Reine Araignée. Si ça se trouve, le prochain aura lieu dans vingt ans, et tu ne feras plus partie des patrouilles ! (Masoj regarda le domaine Hun’ett par la petite fenêtre de la chambre d’Alton.) En outre, poursuivit Alton à voix basse, là-haut, loin des regards indiscrets, tu pourrais trouver un moyen d’éliminer les deux Do’Urden. Alors pourquoi ne pas y aller ?

— Auriez-vous oublié une règle que vous avez vous-même contribué à édicter ? répliqua Masoj en se tournant d’un air accusateur vers Alton. Il y a vingt ans, les maîtres de Sorcere ont décidé qu’aucun sorcier ne devait plus s’approcher de la surface !

— Oh ! C’est vrai, reconnut Alton, se rappelant soudain la réunion où la décision avait été prise. (Sorcere lui semblait si loin à présent, bien qu’il ne séjourne que depuis quelques dizaines dans la demeure Hun’ett !) Nous avions conclu que la magie drow pouvait avoir des effets inattendus à ciel ouvert, parce qu’au cours de ce raid, vingt ans auparavant…

— Je connais l’histoire ! Une boule de feu lancée par un sorcier a anormalement grossi et a tué plusieurs drows. Vous, les maîtres, avez à l’époque qualifié cela de « dangereux dommages collatéraux », mais à mon avis le mage a pris prétexte d’un accident pour éliminer quelques ennemis personnels !

— Oui, confirma Alton, c’est en effet ce que disait la rumeur. Mais, faute de preuves… (Il n’alla pas au bout de sa pensée, sachant que tout cela ne consolait guère Masoj.) Cela fait si longtemps ! reprit-il pour essayer d’être plus positif. N’as-tu pas de recours ?

— Aucun, répondit sèchement Masoj. Les choses changent peu à Menzoberranzan ; je doute que les maîtres aient même entrepris des recherches là-dessus.

— Quel dommage ! L’occasion aurait été parfaite.

— Suffit ! gronda Masoj. Matrone SiNafay ne m’a de toute manière pas encore donné l’ordre d’assassiner Drizzt Do’Urden ou son frère. On vous a déjà averti de ne pas vous abandonner à vos envies. Quand la Mère Matrone m’ordonnera de frapper, je ne la décevrai pas ; on peut créer des occasions…

— À t’entendre, j’ai l’impression que tu sais déjà comment Drizzt Do’Urden mourra.

Un affreux sourire apparut sur le visage de Masoj tandis qu’il prenait dans sa poche la figurine d’onyx, son esclave magique sans volonté propre auquel cet imbécile de Drizzt en était venu à accorder toute sa confiance.

— Et comment ! conclut-il en donnant une pichenette à la statuette de Guenhwyvar, qui tournoya dans les airs. Il la rattrapa et la montra à Alton.

« Et comment…

 

**

 

Les membres du commando choisi pour le raid se rendirent vite compte que cette mission allait sortir de l’ordinaire. Au cours de la dernière dizaine, ils n’effectuèrent aucune des patrouilles de routine autour de Menzoberranzan, mais restèrent jour et nuit cloîtrés dans l’un des baraquements de Melee-Magthere. Ils passaient l’essentiel des heures de veille rassemblés autour d’une table ovale dans une salle de conférences où on leur détaillait les plans de bataille de leur future aventure, et où le maître du Savoir Hatch’net leur farcissait sans trêve la tête de ses contes sur les vicieux elfes de la surface.

Drizzt écoutait attentivement ces histoires, se laissant aller (se forçant même) à tomber dans la toile hypnotique des paroles de Hatch’net. Il fallait que ce soit vrai ! Dans le cas contraire, Drizzt ne savait pas comment il pourrait conserver ses plus chers idéaux.

Dinin supervisait les aspects tactiques de la préparation du raid ; il montrait des cartes des longs tunnels que le groupe allait emprunter, les interrogeant encore et encore jusqu’à s’assurer qu’ils avaient parfaitement mémorisé le trajet.

Les membres du commando, très enthousiastes (sauf Drizzt), écoutaient aussi attentivement cette partie de la préparation, et avaient du mal à s’empêcher d’exprimer leur excitation par des cris de joie répétés. Alors que la dizaine de préparatifs touchait à son terme, Drizzt remarqua que l’un des membres de la patrouille n’y avait pas assisté. Il avait d’abord pensé que Masoj suivait son propre entraînement à part, avec les maîtres de Sorcere, mais, à mesure que l’heure du départ approchait et que les plans de bataille se précisaient, il finit par comprendre que le sorcier n’allait sans doute pas participer à l’expédition.

— Où est notre mage ? osa-t-il demander à la fin d’une séance.

Dinin n’apprécia guère l’interruption et jeta un regard sévère à son frère.

— Masoj ne nous accompagnera pas, répondit-il, contrarié parce que les autres risquaient maintenant de partager l’inquiétude de Drizzt.

Ils ne pouvaient guère se permettre d’être distraits à un moment aussi crucial !

— Sorcere a décrété qu’aucun sorcier ne devait s’approcher de la surface, expliqua maître Hatch’net. Masoj Hun’ett attendra notre retour ici, dans la cité. C’est bien dommage, effectivement, parce qu’il a amplement prouvé sa valeur au combat ! Mais ne vous inquiétez pas, une prêtresse d’Arach-Tinilith vous accompagnera.

— Et pour…, commença Drizzt, sa voix s’élevant au-dessus des murmures approbateurs des autres membres du commando.

Dinin interrompit sèchement son frère, dont il avait facilement deviné les pensées.

— Le fauve appartient à Masoj, déclara-t-il d’un ton sans réplique. Il reste ici.

— Et si je pouvais m’arranger avec Masoj ? insista Drizzt.

Le regard mauvais de Dinin répondit à la question sans qu’il soit besoin de mots.

— La tactique sera différente en surface, déclara-t-il au reste du groupe, mettant fin aux divers chuchotements. Là-haut les distances sont tout de suite très importantes, on n’est pas confiné entre des parois de tunnels ! Quand nous aurons repéré nos ennemis, notre tâche consistera à les encercler, à réduire ces distances. (Il regarda directement son frère cadet.) Nous n’aurons pas besoin d’éclaireur ; dans ce genre de configuration de combat, un fauve fougueux pourrait bien être un embarras plus qu’un avantage !

Drizzt dut se contenter de cette réponse. Ergoter ne servirait à rien, même s’il parvenait à convaincre Masoj de lui laisser la panthère – et il n’avait aucune chance, il le savait. Il renonça amèrement à son désir et se contraignit à écouter les paroles de son frère. Il allait devoir affronter le plus important défi de sa jeune vie – son plus grand danger !

 

**

 

Au cours des deux derniers jours, le plan de bataille s’incrusta dans les pensées de tous, et Drizzt ressentit une agitation de plus en plus intense. Une espèce d’énergie nerveuse constante rendait ses mains moites, et ses yeux trop alertes ne restaient jamais en place.

En dépit de sa déception de ne pouvoir compter sur Guenhwyvar, il éprouvait une excitation indéniable ! Elle bouillonnait en lui. C’était là l’aventure dont il avait toujours rêvé, la réponse qu’il attendait sur la véritable nature de son peuple. Là-haut, dans l’immense étrangeté de ce monde inconnu, se tapissaient les elfes de la surface, ce cauchemar jamais vu qui tenait lieu d’ennemi commun, donc de lien entre tous les drows. Drizzt allait découvrir la gloire du combat et participer à une revanche légitime sur les ennemis jurés de son peuple. Jusqu’à présent, il n’avait combattu que par nécessité, dans les salles d’entraînement ou contre des monstres abrutis qui s’étaient par trop approchés de la cité.

Il savait que cette confrontation serait différente. Cette fois, ses bottes d’escrime, les coups qu’il porterait, seraient soutenus par de profondes émotions, guidés par le sentiment d’honneur de son peuple, par le courage qu’ils partageaient tous, leur détermination à frapper leurs oppresseurs. Voilà ce qu’il devait croire.

Drizzt, allongé sur sa paillasse la nuit précédant le départ du commando, effectuait avec ses cimeterres de lentes manœuvres au-dessus de lui.

— Cette fois, chuchota-t-il aux lames tout en admirant leur danse complexe même à cette faible vitesse, cette fois, quand votre métal résonnera, il chantera le chant de la justice ! (Il posa ses armes près de sa couche et s’installa confortablement, à la recherche d’un sommeil bien nécessaire.)

« Cette fois ! répéta-t-il, les dents serrées, les yeux brillant d’une lueur décidée.

Mais cette déclaration exprimait-elle ses convictions ou ses espoirs ? Drizzt avait chassé cette question dérangeante la première fois qu’elle s’était immiscée dans ses pensées, car il ne pouvait pas se permettre les doutes ou les atermoiements ! Il refusait désormais d’envisager la possibilité de la déception : elle n’avait rien à faire dans le cœur d’un guerrier drow.

Toutefois pour Dinin, qui, intrigué, observait Drizzt depuis l’ombre du seuil, ces paroles donnaient l’impression que son jeune frère essayait de se convaincre lui-même !

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